Une belle surprise

Lorsque l’on envisage un tel voyage, et de surcroit quand il s’agit d’y faire de l’image, la liste des espèces potentiellement observables remplie rapidement l’esprit. Pourrai-je voir cet oiseau là ? Et cette grenouille ? Peut-être même qu’avec un peu de chance je me retrouverai face à ce félin ? Évidement, il y a certaines espèces que j’étais assurer de voir, soit parce qu’elles étaient présentes en nombre, soit parce que leur observation ne présentait aucune difficulté majeure. Avec d’autres espèces par contre, la chose était déjà moins prévisible. J’ai ainsi eu beaucoup plus de mal à observer et photographier la rainette aux yeux rouges, surtout active de nuit, que la fameuse blue-jeans, visible en journée. Et puis, il y a des espèces qui m’étaient complètement sorties de la tête, et que je savais pourtant visible en Amérique centrale. A commencer par le monarque, ce papillon migrateur qui parcourt des milliers de kilomètres des États-Unis en direction du sud, en groupe pouvant atteindre des millions d’individus ! Le croiser au Costa Rica fut donc une bien belle surprise.


Rouge et bleu

Parmi les curiosités du pays, il y en a qui font particulièrement figure d’exotisme. C’est le cas des fameuses dendrobates, et en particulier de la blue-jeans (strawberry poison dart frog en anglais).

Toute vêtue de rouge et de bleu, cette minuscule grenouille ne dépasse pas les 2,4 cm. Mais si par malheur vous décidiez de la prendre en main, tâchez d’aller vous les laver le plus rapidement possible. En effet, comme toutes les dendrobates, elle sécrètent un poison en situation de danger et de stress. Mais la plupart du temps, ce sont ses couleurs vives qui informent les prédateurs qu’elle n’est sans doute pas bonne à manger.  Et cela suffit à en dissuader plus d’un !

De la pluie, encore de la pluie, toujours de la pluie

Au Costa Rica, deux saisons bien distinctes se disputent la vedette. D’un côté, la saison sèche qui s’étend de novembre à avril, et de l’autre, la saison des pluies, de mai à octobre. C’est donc en pleine saison « verte » que je suis parti. Mais c’est aussi à cette période que la vie animale, et surtout végétale, retrouve toute sa splendeur. Évidemment, les conditions climatiques n’ont pas facilité la prise de vue, et le travail du photographe devient vite un calvaire. Pour autant, il peut arriver certaines situations où les gouttes d’eau tombantes permettent de donner un peu de matière à l’arrière-plan. Ce fut le cas ce jour-là, avec ce caracara surpris entrain de chasser à l’affût.

Playa Grande

Ce nom de plage ne vous évoquera sans doute pas grand chose, et pourtant elle s’avère être un haut lieu de ponte pour bon nombre de tortues marines, y compris la tortue luth, ce mastodonte pouvant atteindre presque une tonne ! Ainsi, de mars à novembre, elles sont des centaines à se retrouver la nuit sur quelques unes des plus belles plages du Pacifique, à l’image de Playa Grande.

De l’autre côté, sur la côte caraïbe, d’autres plages sont elles aussi fréquentées par les tortues marines. On pourra notamment citer Tortuguero qui accueille les touristes désireux de se frotter à ces immenses reptiles venus tout droit d’une autre époque.

Les oiseaux-mouches

Les premiers pas dans la jungle m’auront également permis de côtoyer des oiseaux en tout genre. Tantôt je ne faisais qu’entendre leur chant, tantôt je pouvais les apercevoir. Parmi eux, le vrombissement des ailes de colibris,  qui précédait toujours leur observation, était un bon indice pour déceler leur présence.

Il faut dire que ces véritables lilliputiens sur-vitaminés sont des as de l’acrobatie aérienne ! Volant sur place comme des hélicoptères, le nombre de battement d’ailes à la seconde peut attendre 200 en piqué, contre 80 pour un vol stationnaire.

Au Costa Rica, l’on peut rencontrer 52 espèces différentes de colibris, mais il n’est pas aisé de tous les différencier. Ils jouent le rôle important de pollinisateur pour plusieurs espèces de fleurs. Leur taille avoisine pour la plupart d’entre-eux les 10 cm, pour un poids de 10 g seulement. C’est d’ailleurs ce qui en fait tous leur charme !

Le Rio Celeste

Avez-vous seulement déjà vu une rivière aux couleurs bleu azur ? Impossible de passer à côté du Rio Celeste, près du volcan Tenorio, si vous décidez de découvrir le pays. Vous serez forcément subjugué comme je l’ai été par ce bleu intense. Mais attention à ne pas s’y rendre les jours de trop grosse pluie, sous peine d’y déceler des teintes plutôt marrons !

La couleur bleue de l’eau est notamment due aux émanations de sulfure provenant du volcan tout proche, et à la précipitation du carbonate de calcium. Quelques sources chaudes jalonnent le tracé de la rivière, et bon nombre de touristes et costa ricains viennent y faire trempette, surtout le week-end. Les chemins, boueux en saison des pluie, deviennent alors de véritables autoroutes pouvant rappeler les sentiers vosgiens en hiver.


Le Rio Celeste est également connu pour sa cascade, magnifique, de près de 20m de haut. Mais difficile d’y faire des photos par temps de pluie. Heureusement, je me rattraperai quelques mètres plus loin, avec la présence de cette buse barrée, semble-t-il difficile à voir.

Premiers contacts avec la jungle

Cela fait à peine 5 min que je marche , et je suis déjà trempé ! Cela promet pour la suite.

Je me trouve au pied du volcan Arénal, au nord-ouest de San José, la capitale. Une épaisse forêt encercle les pentes du volcan qui laisse s’échapper des fumeroles, preuve de son activité. C’est la première fois depuis que je suis arrivé que je mets les pieds dans la jungle. C’est exactement comme dans les films, la végétation est très dense, et il est tout simplement impossible de sortir des chemins qui la traverse. Tout est vert autour de moi, ou presque. Des fougères, en passant par la mousse sur les arbres et jusque sur les pierres. Du vert, encore du vert.

La lumière peine à traverser l’épaisse couche de feuillage et il est pratiquement impossible de faire des photos sans trépied ou flash. Malheureusement, pour ne pas trop m’encombrer, je ne les ai pas pris avec moi. Ce sera donc pour la prochaine fois.

Je marche ainsi pendant quelques heures, histoire de m’habituer à cet environnement qui va devenir mon nouveau terrain de jeu. J’y découvre  ainsi toutes sortes d’animaux. Quelques reptiles discrets, beaucoup d’insectes, des oiseaux jouant à cache-cache avec les branches, et un coatis qui passait par là. Mais voir ces animaux s’avère être une tâche bien délicate au vu du fouillis végétal général. Il est  alors bien utile de faire régulièrement des pauses pour tendre l’oreille et observer.

Justement, que vois-je là-bas, posé sur un tronc ? Un papillon hibou (Caligo sp) ! Sa taille est impressionnante, mais ses couleurs sombre le camouflent à merveille. Heureusement qu’un rayon de lumière aura trahi sa présence. Cela me permet par la même occasion de prendre quelques clichés. Il finira par s’envoler, sûrement importuné par cet individu lui tournant autour.

Après m’être rendu au pied d’une petite cascade, je décide de rejoindre la voiture. Sur le chemin du retour, je croiserai bon nombre de morphos, ces papillons au bleu intense et resplendissant. Mais les photos seront pour une autre fois, car le jour tombe rapidement, et il me faut trouver un hôtel avant la nuit.

Finalement pas mécontent des nombreuses observations réalisées, les premières réponses à mes questions laissées en suspens avant le départ auront trouvé réponses au terme de cette première journée passée dans la jungle. Concernant les moustiques par exemple, ils ne sont finalement pas un réel problème. Certes il y en a, mais les répulsifs semblent montrer leur efficacité. Je serai bien plus embêté un peu plus tard, en d’autres lieux…